La végétalisation à grande échelle est-elle LE tournant à prendre pour lutter contre le réchauffement climatique ? C’est en tout cas le choix de la ville de Lyon qui va revégétaliser la place Bellecour d’ici 2024, et ce à la demande des lyonnais… Frédéric Ségur, consultant pour “arbre ville et paysage”, livre à Lyon Positif les vertus de la végétalisation urbaine.
Ce 24 mars au H7 à Lyon, le collectif d’entrepreneurs engagés pour la végétalisation, Via Terrata a organisé une rencontre entre ses membres et le public intéressé autour de l’intervention de Frédéric Ségur, consultant “arbre ville et paysage“, pour échanger autour de la place des arbres en ville. Via Terrata se donne pour mission de financer des projets de végétalisation dans les zones urbaines et péri urbaines de Lyon à l’aide de son fonds de dotation. Le collectif se charge de faire la passerelle entre les différents acteurs (professionnels de la renaturation, acteurs publics, associations, bailleurs sociaux…) et de pérenniser les projets pour restaurer la végétation. Une problématique de plus en plus d’actualité à Lyon comme dans de nombreuses villes.
Les lyonnais ont voté pour la végétalisation !
Avec un budget de 1,5 million d’euros, la Métropole de Lyon, les Architecte des bâtiments de France, l’État et la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) lancera sa première phase de travaux sur la place Bellecour pour changer cette terre rouge en terre verte dès 2024. Considérée comme l’une des plus grandes places piétonnes d’Europe, Bellecour était pourtant, avant la révolution française, un grand et beau jardin vert. Une idée en suspend qui a refait surface en 2020 grâce à un candidat à la Métropole de Lyon, David Kimelfeld. Sa proposition à l’époque ? Végétaliser la place Bellecour pour créer des “îlots de fraicheur”, ces sources naturelles de rafraîchissement mis en place pour lutter contre les îlots de chaleur urbains. Un projet qui a eu du mal à s’imposer notamment face au conservatisme de certains architectes et d’une administration publique qui a tendance à positionner le patrimoine historique au dessus de l’urgence écologique.
Mais les lyonnais ont voté ! Et la végétalisation de la place Bellecour a recueilli le plus de votes ( 1500 ) parmi les 110 projets lauréats soumis au budget participatif.
Pourquoi végétaliser Bellecour en priorité ?
Les villes ne sont pas assez adaptées au dérèglement climatique engendrant un microclimat urbain où les températures sont plus élevées en centre-ville. Phénomène que l’on nomme : îlots de chaleur urbains. Le Cerema nous explique que cette manifestation se ressent majoritairement pendant les périodes de canicule et surtout la nuit, avec des écarts de température considérables. La journée, la pierre, la brique et le béton captent la chaleur et la libèrent la nuit, empêchant l’air de se refroidir. Ces conséquences indésirables sont dues notamment : au choix des matériaux utilisés pour la construction des bâtiments, à l’augmentation des voies de circulations urbaines et au développement des activités humaines qui dégagent de la chaleur (chauffage, moteur, machines industrielles…). Un phénomène qui impacte alors la santé des habitants, l’attractivité du centre-ville, la consommation énergétique (climatisation) et la biodiversité animale et végétale.
Par contraste, la création d’îlot de fraicheur apparait comme l’une des solutions les plus efficaces pour rafraichir les villes comme cela est parfaitement présenté par notre-planete.info. Ces îlots de fraîcheur sont sources de rafraîchissement et les dispositifs possibles sont multiples. Si l’exemple-phare est bien la végétalisation, on peut aussi agir en créant des espaces verts et boisés, en développant des points d’eau ou en ouvrant des lieux naturellement frais (églises, musées, parcs…). Comme l’explique Frédéric Ségur, consultant arbre ville et paysage : “ Les arbres sont des climatiseurs naturels. En plus de créer de l’ombre, les arbres fonctionnent par évapotranspiration en pompant l’eau du sol et en l’évaporant dans l’atmosphère produisant un effet de rafraîchissement”.
Une chaleur piégée dans le sol, des inondations à répétition et des nappes phréatiques épuisées, voilà pour l’essentiel ce qui pousse la ville a “casser le bitume”. La micro-implantation florale est par exemple une initiative mise en place depuis plus de 15 ans à Lyon, comme nous l’explique parfaitement l’article de Médiacités. Il s’agit d’un dispositif simple permettant aux habitants de végétaliser leur trottoirs en y perçant des trous après autorisation de la municipalité. Une logique qui grandit et qui a fait mûrir d’autres projets puisque la Métropole de Lyon a débloqué en 2022, 141 millions d’euros pour végétaliser les rues de la capitale des Gaules dans son Plan Pluriannuel des investissements à Lyon. Un budget basé sur la planification d’un plan nature qui recense les zones carencées en espaces verts dans les interstices urbains ( terrains vacants, friches industrielles…) mais également, dans les cours d’écoles et les crèches avec d’ici 2026, 152 cours qui seront réaménagées en ce sens.
Le Pôle d’échange de Perrache va bientôt se mettre au vert
La Métropole de Lyon veut métamorphoser le centre d’échange de Perrache dès 2024 ! Cette étape fait partie du projet ” Ouvrons Perrache” et l’idée est de relier la place Carnot et la partie Charlemagne, aujourd’hui divisée par ce grand bloc de béton. À bas les façades vitrées et place à des espaces verts à la vue dégagée traversée par une rue piétonne. Une rénovation qui améliore l’accès à ses toits méconnus de l’échangeur de Perrache qui disposera de 2000 m² de potager. Une rénovation qui prendra fin en 2028 et qui souhaite ouvrir des espaces dédiés à l’économie sociale et solidaire ou encore de la logistique urbaine.
