“Le travail, c’est la santé, ne rien faire c’est la conserver” disait Henry Salvador. Cette ritournelle d’une autre époque n’est évidemment pas le refrain préféré de Sophie Caruso, fondatrice de La Niaque L’asso, que nous avons eu le plaisir de rencontrer. Elle a créé il y a quelques années, cette association lyonnaise qui réinsère professionnellement et socialement des personnes touchées par une maladie « longue durée », via un accompagnement global et sur mesure. Plongez dans l’histoire et dans l’accompagnement offert par cette organisation.
Sophie Caruso, prend les choses en main
Sophie Caruso est une professionnelle de l’emploi. Après un long parcours en entreprise elle décide de créer SC Conseil, une entreprise de conseil dédiée à l’accompagnement de publics vulnérables dans leur réinsertion professionnelle. C’est en 2015 que son parcours va prendre un nouveau virage bien malgré elle. C’est à cette période en effet que Sophie apprend la récidive du cancer de sa meilleure amie, qui dans la foulée se fait également licencier de son cabinet d’avocats. Profondément révoltée par cette situation injuste et inhumaine, Sophie décide alors de prendre les choses en main.
Déjà engagée dans le domaine du retour à l’emploi, elle lance avec son équipe une enquête approfondie en collaborant avec les meilleurs spécialistes et les institutions compétentes, pour comprendre ce qui se passe réellement à ces moments-là. Elle rencontre des cancérologues renommés, tels que Thierry Philipe ancien directeur du Centre Léon-Bérard à Lyon ou encore Carole Bouleuc, médecin oncologue à l’Institut Curie. Le résultat de cette enquête est sans appel : “Dans et après la maladie, les personnes se sentent seules et perdues lors de leur retour dans le monde professionnel ”. Un constat partagé également par le Ministère du travail, le groupe cancer à l’Assemblée nationale ou la délégation au droit des femmes au Sénat qui ont aussi été interrogés. Toutes et tous se rendent bien compte “qu’il y a un trou dans la raquette”, mais cela semble tellement spécifique que seules les associations semblent pouvoir s’en occuper.
La Niaque L’Asso
La Niaque L’Asso, est créée et marque l’opportunité de “Reprendre la niaque après la maladie“, nous explique Sophie. Lorsqu’elle aborde la question du travail avec les membres de l’association, Sophie est toujours très attentive à séparer les termes “travail” et “emploi”. Elle est ainsi profondément convaincue qu’une distinction sociale et sociétale doit exister. Le travail peut par exemple prendre la forme du bénévolat, contribuant ainsi à créer des liens sociaux indispensables pour chaque individu tout en apportant une contribution utile à la société, un droit fondamental.
Elle met en place un programme d’accompagnement et d’accueil inconditionnel gratuit pour lutter contre la désinsertion professionnelle qui entraine trop souvent la désinsertion sociale. “Les niaqueuses et niaqueurs“ bénéficient de programmes à distance si nécessaire conçus pour les accompagner dans leur reconstruction sur des périodes allant de 6 mois à 1 an. Une aventure qui rassemble une quinzaine de personnes, créant ainsi un “collectif de travail et une communauté de cœur”. Ces programmes sont élaborés en étroite collaboration avec des associations, des institutions, des psychologues du travail, des thérapeutes, des spécialistes du handicap, de l’économie sociale et solidaire et du développement personnel.
“Je lis qu’une personne sur 3 perd ou quitte son emploi dans les deux ans qui suivent son diagnostic cancer, et je trouve ça révoltant.“
Sophie, fondatrice de La Niaque L’Asso, tiré d’études menées en France par La Ligue contre le cancer.