L’association naturaliste Des Espèces Parmi’Lyon transforme les Quais Pierre Scize en refuge pour la biodiversité. Alors qu’un important épisode de canicule s’annonce pour les prochains jours et que la biodiversité urbaine reste constamment menacée, l’association intervient de nouveau avec son dispositif “Gabiodiv”. En cours de réalisation, ce dispositif sera opérationnel début juillet et permettra de restaurer le milieu aquatique ainsi qu’un îlot de fraîcheur, bénéficiant tant à la faune et la flore qu’aux citadins et citadines.
Un dispositif “sur mesure” pour les quais bétonnés
Imaginé à partir de 2019 par l’association Des Espèces Parmi’Lyon, le premier dispositif GABIODIV (Gabion et biodiversité) a vu le jour plus de 3 ans après sur les quais du Rhône à la Guillotière. Un nouvel îlot est en cours d’aménagement sur les quais Pierre Scize, le long de la rive droite de la Saône. Ce projet a été pensé pour restaurer l’habitat naturel d’espèces en milieu aquatique, dont certaines sont par ailleurs en voie de disparition, dans les secteurs où les berges des cours d’eau sont bétonnées. Ce choix spécifique d’intervention est lié à des observations de terrain, confirmées par l’Atlas de la biodiversité Lyonnaise, qui recense que, parmi les différentes espèces observées sur le territoire lyonnais, la faune aquatique est la moins présente en milieu urbain.
Un nouvel espace rendu à la biodiversité
En termes de faune et flore, nous serons bien servis ! L’association prévoit en effet de créer cet “environnement terre-eau” avec plus de 3000 végétaux plantés sur 200 mètres linéaires, incluant des herbacées et des grands arbres comme les peupliers, ainsi que des arbustes denses pour attirer les oiseaux nicheurs, tels que le martin-pêcheur et le héron cendré.
Cette végétation favorisera également le retour tant attendu du castor déjà aperçu à la Guillotière grâce à ce même dispositif. Cet animal, que l’on surnomme souvent “l’ingénieur des rivières” est indispensable à la construction des écosystèmes humides par sa capacité à créer des barrages et des “poches d’eau”. Un véritable indicateur pertinent du retour à un équilibre de la biodiversité.
On y trouvera plus d’une centaine d’espèces animales typiques des zones humides, avec une quinzaine d’espèces de libellules, des papillons, des grenouilles, des abeilles sauvages, et des gabions végétalisés offrant un refuge aux poissons menacés, comme le brochet ou le chabot. Une multitude de mares artificielles abriteront quant à elles des coléoptères aquatiques et des amphibiens amateurs de moustiques, ainsi que des crustacés et des mollusques.
L’utilisation de gabions, à l’origine des ouvrages de génie civil qui prennent la forme de casier de fils de fer tressés ou de branchages, remplis de terre ou de pierres, et mis en place au départ pour lutter contre l’érosion des berges ont désormais un usage de revégétalisation.
Alors qu’un record de chaleur est battu chaque année avec le dernier enregistré en 2023 à 41,4°, cet îlot de fraîcheur sur un quai orienté plein nord, permettra une baisse comprise entre 4 et 6 degrés en plein été.
“Il faut comprendre que certaines espèces sont déjà en ville et que l’on ne fait que créer des conditions propices à leurs maintiens. Il ne faut plus créer de dichotomie entre ville et nature, car la nature est déjà partout”
Quentin Brunelle, co-fondateur de l’association Des espèces Parmi’lyon