La mode est l’une des industries les plus polluantes de la planète. Ainsi, selon l’ADEME, ce sont plus de 4 milliards de tonnes équivalent CO₂ par an qui sont générées par l’industrie textile (vêtements et chaussures) dans le monde. Des alternatives existent pourtant pour réduire l’impact environnemental de ce secteur comme le fait de choisir des tissus organiques ou recyclés, de faire réparer ses vêtements et bien entendu d’acheter dans une boutique de seconde main. A Lyon, la boutique Loca Loca, fait figure de pionnière dans sa démarche. Elle a choisi justement de copier les codes de l’industrie de la mode traditionnelle pour mieux les contourner : vêtements lavés et repassés sur cintre, décoration lumineuse et épurée, aménagement soigné… Dans ce nouvel épisode de “Demain”, Frédéric Duval s’est entretenu avec sa fondatrice, Annouck Blanchouin, qui invente à sa manière, avec une débordante et souriante énergie, une autre voie pour démocratiser le monde de la seconde main textile.
Oui le marketing peut être utile
Dans cette société où le commerce et le marketing semblent dominer le paysage, Annouck se trouve en dissonance dans le fonctionnement de son entreprise aujourd’hui comme dans ses choix initiaux. Passionnée par l’économie, elle décide de suivre des études de marketing et de finances. Imprégnée au départ de notre modèle capitalistique et consumériste, elle avoue à demi-mots qu’elle a même envisagé embrasser la carrière de trader. Mais, comme de nombreux jeunes de sa génération, elle prend conscience de l’urgence écologique à la sortie du confinement et cherche dans quel secteur agir concrètement. Elle réalise très vite l’impact du secteur textile sur l’environnement, mais également sur nos façons d’agir. Elle comprend ainsi que les vêtements ne sont pas simplement des articles de consommation courante, mais aussi des symboles d’identité sociale.
Alors, et puisque au fond ce qui attire Annouck dans le marketing, c’est de mieux comprendre le fonctionnement complexe du cerveau humain et les ressorts de nos décisions, elle décide d’utiliser ses connaissances à bon escient pour rendre ce modèle plus vertueux et plus démocratique.
Loca Loca, une friperie pas classique
À l’origine, Loca Loca est une boutique de seconde main avec un service de “location locale” pour bébés, enfants et femmes. Cependant, Annouck, adepte du “test and learn”, comprend rapidement qu’elle doit s’adapter à la demande de sa clientèle et devient un dépôt-vente qui copie les codes des boutiques traditionnelles.
Elle commence par enlever cette image “fouillis” associée aux étagères de friperie pour améliorer l’expérience boutique et rendre le magasin plus attrayant en jouant avec les sens. Accompagnée par Marie Nguyen, la co-fondatrice de We Dress Fair qui lui a fourni un local et transmis beaucoup de son expérience, Annouck lance son entreprise avec seulement 1000 euros en poche.
Après avoir ouvert deux boutiques à Lyon (avant d’en fermer une pour mieux se redévelopper), son objectif à long terme demeure bien d’ouvrir une dizaine de boutiques de seconde main dans les dix prochaines années, à l’image là encore d’une grande chaîne de prêt-à-porter.
“Je prends souvent l’exemple de la rue Mercière à Lyon dans laquelle le client sait qu’il y a de nombreux restaurants différents et donc un large choix possible. C’est la même idée avec les boutiques de vêtements : plus l’offre sera importante dans ce domaine plus cela contribuera à démocratiser et à rendre évident le principe de la seconde main”
Annouck Blanchouin, Fondatrice de Loca Loca Lyon