C’est en substance le message qu’a souhaité faire passer Grégory Doucet, le maire de Lyon, lors de la grande interview qu’il nous a accordée en partenariat avec l’émission l’invité politique sur Lyon 1ère. Alors qu’il s’est réjoui d’accueillir pour la première fois dans son bureau un plateau TV, le maire s’est montré particulièrement enjoué de faire avec nous un premier bilan complet de la riche et questionnante actualité politique que nous venons de vivre. De retour d’un long déplacement en Autriche, qu’il a effectué par ailleurs intégralement en train et d’où il a notamment ramené le drapeau des futurs EuroGames qui auront lieu l’été prochain à Lyon, il a pris le temps de détailler ses engagements pour la capitale des Gaules et de se projeter à l’horizon 2030. Un long entretien dans lequel ont été évoqués de nombreux sujets dont émergent quelques thématiques récurrentes.
Une actualité olympique qui a permis d’affirmer des choix politiques
En cette année 2024, le maire nous rappelle que la ville de Lyon a souhaité mettre l’accent sur les différents engagements déjà portés de la collectivité pour le sport dans la ville. Outre l’accueil de nombreuses délégations et la préparation d’équipes dans différentes disciplines ainsi que les matchs de football ayant lieu à Décines-Charpieu, la priorité a été mise sur les questions de handicap, d’égalité homme-femme et d’inclusion.
L’occasion pour lui de revenir sur cette polémique stérile du passage de la flamme olympique, dont la dimension était trop événementielle et par ailleurs fort dispendieuse selon lui et d’expliquer pourquoi il a souhaité mettre la visibilité et les budgets sur les jeux paralympiques. Lyon accueillera ainsi la flamme paralympique le 26 août avec un grand village dédié sur la place Bellecour.
De même sur les jeux d’hiver 2030 dans les Alpes Françaises (confirmés par le CIO sous réserve d’apport de garanties notamment financières de la région et de l’Etat), la seule vraie question selon lui “est de savoir si l’on pourra encore en faire après 2030 et comment ces grands événements peuvent être à la fois vertueux, durable et inclusifs dans le respect des limites planétaires”.
L’Europe, à la fois source d’inspiration et de coopération, regarde Lyon avec une grande attention
C’est en européen convaincu, soucieux d’arrimer la ville au projet européen et attentif à cette citoyenneté commune, que le maire évoque ses déplacements et l’importance des rencontres autour d’autres modes de vie ou de gouvernance.
C’est le cas autour d’un projet de développement du port Édouard Herriot notamment et alors qu’il revient d’une visite de terrain du port de Linz, comme il l’avait fait au Havre, à Marseille ou Barcelone, tant les questions et enjeux du transport fluvial sont au centre de la réappropriation de nos fleuves. Des visites de terrain qui sont une occasion de “recueillir des bonnes pratiques, de nouer des amitiés, de faire connaître également les parties prenantes engagées sur de nombreux sujets qui font rayonner le territoire”.
Se comparer, c’est aussi l’opportunité pour lui de constater que les réalisations concrètes de la ville, les innovations et leur ampleur, notamment sur la renaturalisation (8,5 hectares, gagnés sur le bitume depuis 2020), les avancées pour manger plus local et plus équilibré dans les cantines scolaires et les forts investissements (en lien avec la métropole) sur les questions de mobilité sont régulièrement soulignés pas ses interlocuteurs.
Réussir les transitions climatiques pour 2030 : la seule et vraie urgence du mandat
C’est là l’enjeu essentiel de son mandat depuis 1960, la ville a pris en moyenne +2,4° ! Il est urgent d’en tenir compte afin de véritablement adapter la ville sur tous les sujets et de dépasser l’éco scepticisme. Un engagement qui doit être collectif et ou chacun peut et dois prendre sa place : “Il faut engager les actions au bon moment et le bon moment, c’est maintenant”
Au-delà des actions concrètes, il est aussi question pour lui de poser des éléments de récit, à la fois réaliste et inspirant, lucide mais volontariste qui raconte le possible et le désirable de ce combat pour le climat. Il faut raconter la belle histoire de cette ville dans laquelle il fera mieux vivre. C’est notamment le sens de l’agora 2030 car le seul succès possible est de faire “pour les gens et avec les gens”
Une séquence électorale qui rebooste l’écologie politique locale
Il revient longuement sur cette période particulièrement étrange, difficile à expliquer, dont il attend clairement qu’elle finisse par déboucher rapidement sur la nomination d’un gouvernement de gauche afin d’apporter rapidement des réponses claires aux Français, seul moyen d’éviter le populisme et les extrêmes.
Le Maire de Lyon, engagé sur le terrain, il refusera très clairement toute proposition d’un éventuel ministère et se projette clairement dans la transformation massive de sa ville et des ambitions pour Lyon bien au-delà de 2030 : “Chaque chose en son temps”
Les résultats des élections législatives, avec 4 députés issus du NFP, sont évidemment pour le maire une joie et un moment important qui raconte également le succès d’une gouvernance partagée, dans l’esprit du Front Populaire au sein de sa municipalité. C’est une satisfaction, mais qui l’oblige à rester humble et concentré sur sa tâche car à chaque scrutin ses enjeux.
À travers son action, il entend continuer de faire de Lyon, non pas un “laboratoire” qui donnerait trop l’impression d’expérimentations peu maîtrisées, mais bien une ville pilote, un “exemple sérieux et durable qui va au-delà du test, mais qui doit s’inscrire dans le temps, car le changement climatique lui n’attend pas”.