Avec plus de 2500 brasseries sur son territoire, la France est le 1er pays européen en nombre de “lieux de brassage” de ce breuvage qui figure parmi les plus anciens connus au monde. Parmi elles figurent évidemment les désormais 26 établissements de Ninkasi, qui fait la fierté des Lyonnais bien au delà de notre territoire. Depuis 1998, Ninkasi, allie ainsi création de bières artisanales, soutien à la vie culturelle, ancrage territorial et engagement environnemental. C’est également une entreprise dans laquelle il fait bon travailler, innovante en termes de RSE et aux méthodes de management reconnues. Lyon Positif s’est donc entretenu avec Christophe Fargier, l’un des 2 cofondateurs, pour revenir sur l’histoire de cette institution lyonnaise et plonger aux racines d’une passion source d’engagement et d’impact.
À l’origine, une aventure américaine audacieuse autour de la bière et du pain
L’histoire de Ninkasi commence en 1998, animée par une volonté claire : créer quelque chose d’ unique, un projet entrepreneurial sans avoir un patron au-dessus de soi. Le fondateur, Christophe Fargier, inspiré par un ami originaire de Portland, et diplômé en sciences politiques, prend conscience d’un phénomène en plein essor aux États-Unis : la montée des microbrasseries artisanales. C’est ainsi qu’une idée prend racine, dans un garage de cette ville de l’Oregon, de créer un business alliant passion pour la bière, amour des produits artisanaux. Une envie de liberté créative et une passerelle autour de la fermentation.
En 1997, avant même de lancer leur microbrasserie, l’aventure débute pour les 2 amis par la fabrication de pâtes à pizza américaines, un premier projet dans le domaine de la boulangerie. Ils créent leur propre pain et buns, une étape qui s’avérera cruciale dans leur développement futur, même si ce premier projet ne fonctionne pas.
Un difficile retour à Lyon et des débuts agités
De retour à Lyon, ils choisissent presque par hasard un hangar, dans un quartier de Gerland, peu prisé et qui ne connaît pas l’effervescence que celle d’aujourd’hui. Ils s’inspirent de leur expérience américaine pour allier production brassicole et expérience culinaire.
Ils ouvrent alors leur premier bar-restaurant, imaginé comme celui qu’ils auraient aimé avoir durant leurs années d’études. La décoration est sobre, industrielle et reflète une volonté forte d’intégrer la culture locale et de mélanger tous les univers, pour en faire un lieu de musique et d’échange, de découverte et de rencontre unique en son genre.
« J’invite les gens qui ne se connaissent pas et ne se comprennent pas à discuter, car c’est comme ça qu’on grandit », déclarait le fondateur.
Les débuts ne sont pourtant pas simples. La presse locale est sceptique, mais un événement va changer la donne : la Coupe du Monde de football en 1998. Grâce à cet engouement national et parce que les cars de supporters qui arrivent au stade de Gerland s’arrêtent en face de l’établissement, la brasserie attire une nouvelle clientèle et parvient à se faire une place sur le marché.
Aujourd’hui, 27 ans après ses débuts, Ninkasi compte 26 implantations à travers toute la France. Ce succès ne repose pas seulement sur une vision commerciale, efficace, mais surtout sur la persévérance, une passion pour la bière, et une confiance dans les rêves et les talents des autres.
C’est par exemple cette ouverture d’esprit qui a conduit Ninkasi à rencontrer des passionnés, notamment dans le domaine de la distillation de whisky, ouvrant ainsi une nouvelle voie pour l’entreprise.
Un engagement local fort pour un futur durable
Mais Ninkasi ne se limite pas à la production de bière et de whisky. Au-delà de son offre et du développement de son activité première, la brasserie est également reconnue pour son engagement social et environnemental.
Le fondateur et son équipe se sont formés pour comprendre les enjeux climatiques et choisir des actions concrètes. L’entreprise s’est ainsi engagée dans la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), où un expert a comparé leur bilan carbone avec d’autres brasseries. Selon lui, une brasserie qui ne prend pas en compte ses externalités, c’est-à-dire son impact environnemental, est vouée à disparaître. « La CEC est extrêmement stimulante, les contraintes sont très motivantes », confie le fondateur.
En phase avec cette vision, Ninkasi adopte une approche durable : 70 % de la consommation de leurs produits alimentaires tiennent compte du dépassement des limites planétaires. Ils réfléchissent à chaque étape de leur production, non seulement pour réduire leur empreinte écologique, mais aussi pour inspirer d’autres acteurs à suivre cette voie.
Aujourd’hui, à 55 ans, Christophe Fargier pense déjà à la suite. Conscient de l’importance de transmettre son projet, il travaille à réinventer la gouvernance de l’entreprise, avec une ambition claire : faire de Ninkasi une entreprise à mission. Déjà, 15 % du capital est détenu par les salariés, une première étape vers une gouvernance plus collective et participative.
Alors que l’entreprise continue d’évoluer, l’objectif est de créer un modèle où l’humain, la culture et la durabilité ne sont pas seulement des valeurs affichées, mais bien des piliers concrets de la croissance future de Ninkasi. Une aventure qui ne fait que commencer, portée par la passion, la résilience, et une vision ancrée dans le respect de la planète et des personnes.
“Je ne suis pas quelqu’un de matérialiste, je peux vivre avec presque rien, alors je n’ai pas peur de prendre des risques.”
Christophe Fargier, président-fondateur de Ninkasi
