On se souvient tous de cette phrase d’Emmanuel Macron en 2018, affirmant qu’il suffisait de “traverser la rue” pour trouver un emploi. On ne reviendra pas ici, car ce serait trop long, sur tout ce qu’elle sous-entendait… Ce qui est certain, c’est que les derniers chiffres de l’INSEE indiquent que, si le chômage se stabilise bien autour de 7,5 % de la population active, les jeunes (15-24 ans) restent les plus touchés, même si le rapport de force entre l’offre et la demande leur est devenu nettement plus favorable. Au-delà des chiffres, le véritable sujet de l’emploi aujourd’hui, le frein principal à une recherche d’emploi efficace et humanisée, c’est le mode de sélection et de recrutement classique, tel que pratiqué par les entreprises. Aujourd’hui encore, on s’intéresse trop au CV et au parcours plutôt que de penser aux compétences et aux potentialités. Ce changement de paradigme, c’est en tout cas ce que propose la révolution du collectif Laurent Arnaud, co-fondateur du collectif #JeNeSuisPASunCV et ancien délégué général d’OL Fondation, dans un nouvel épisode du podcast “Demain.”
Plus de vraies rencontres et moins de papier
En 2005, la vie professionnelle de Laurent Arnaud bascule lorsqu’il franchit la porte du bureau de Jean-Michel Aulas, alors tout-puissant patron de l’OL et du foot français. Séduit par sa vision du football, et son souhait de s’appuyer sur l’exemple des clubs anglais, ils évoquent notamment le projet de création d’une fondation. Pendant près de 15 ans, il s’engage corps et âme dans ce projet, intégrant dans la politique du club les enjeux de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui l’amène notamment à aborder les questions de recrutement. Il fonde alors “La Cité des Entreprises pour l’Emploi” pour dynamiser l’emploi local en Auvergne-Rhône-Alpes, en utilisant le formidable réseau business des entreprises partenaires du club.
Des projets sont menés avec SPORT DANS LA VILLE, et l’initiative évolue progressivement jusqu’à devenir #JeNeSuisPASunCV. Cette nouvelle approche cible directement les problématiques des entreprises et des candidats, se matérialisant par la plateforme ERHGO qui aide les entreprises à identifier des candidats sur la base de leurs compétences : “Le problème n’est pas dans les capacités des gens, mais dans la rencontre.”
Un vrai changement de paradigme est nécessaire
En 2021, il lance une tribune cosignée par une soixantaine d’acteurs du monde économique, accompagnée du hashtag #jenesuispasunCV. Ce mouvement vise à bousculer les codes de l’entreprise et à promouvoir la diversité et l’égalité des chances. À l’issue de cette étape, les entreprises s’engagent alors à recruter autrement en laissant le CV de côté et en faisant confiance seulement et uniquement aux compétences des candidats et candidates et à la description de leurs différentes expériences, sans tenir compte d’éléments distinctifs ou discriminatoires tels que l’âge, le sexe ou l’adresse.
À l’heure actuelle, une cinquantaine d’entreprises et d’organismes de formation partagent leurs offres d’emploi ou de formation sur la plateforme et d’ici septembre #JeNeSuisPASunCV publiera un nouveau manifeste, non pas pour relater ce qui a déjà été accompli, mais pour explorer ce que l’on peut encore réaliser collectivement.
“Je n’ai jamais organisé un job dating sans avoir un recruteur qui me disait : “C’est vrai que si j’avais seulement eu le CV de cette personne-là entre les mains, jamais n’aurai pris le temps de le rencontrer.”
Laurent Arnaud, co-fondateur du collectif #JeNeSuisPASunCV
