Historiquement, le rôle d’un manager consistait principalement à recruter des employés pour accomplir des tâches spécifiques en échange d’une rémunération. Évidemment, et depuis un moment déjà, les attentes des jeunes générations ont évolué. De nouveaux enjeux, tels que le bien-être et la qualité de vie au travail, sont devenus des priorités centrales au sein des entreprises pour répondre aux attentes de leurs employé.e.s. Alors que la 47e édition de la compétition WorldSkills, ce “championnat du monde des métiers”, a prit fin, Lyon Positif s’est rendu à EUREXPO pour montrer une autre facette de cet événement incontournable, un espace de réflexion international sur le travail de demain. Nous avons ainsi pu assister à une conférence réunissant des professionnels des ressources humaines et des jeunes venus du monde entier autour d’un thème d’actualité : “Les jeunes et le bien-être au travail”.
Une meilleure formation de leur manager : une même demande universelle chez les jeunes
Vous avez probablement déjà entendu cette phrase : “Tout le monde ne peut pas être manager.” Une affirmation qui prend tout son sens à la lumière d’une étude récente publiée par Robert Walters. Selon cette étude, 30 % des managers affirment ne jamais avoir reçu de formation en management et 5 % attendent toujours de la suivre. Pourtant, l’envie de se former et d’être préparé à ce qui implique et nécessite un vrai savoir-faire, est bien présente, puisque sept managers sur dix indiquent avoir demandé à plusieurs reprises à leur direction une formation pour exercer au mieux leurs nouvelles responsabilités.
Si certains managers peinent à remplir leur rôle et sont souvent critiqués, c’est en grande partie parce qu’ils ont une responsabilité de plus en plus évidente sur la santé mentale de leurs équipes.
Un nombre de plus en plus important d’employés estime être enfermé dans une situation de stress ou de “mal-être”, encore trop souvent ignorée ou minimisée. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) rappelle pourtant que la santé ne se limite pas à l’absence de maladie ou d’infirmité, mais correspond à “un état de complet bien-être physique, mental et social.” C’est précisément de ce sujet que les différents intervenants du monde entier sont venus parler lors de cette conférence. Des jeunes, venus de pays pourtant très différents comme la Colombie, l’Allemagne, la France ou l’Arménie, partagent un constat similaire : “les manageurs doivent être mieux formés pour accompagner les jeunes et répondre aux besoins tant des employés que de l’organisation”.
Des témoignages poignants, sur des expériences personnelles vécues, ont émaillé cette heure d’échange. Notamment celui de Timothy Dupeyron, qui travaille dans le domaine du design 3D, et raconte avoir été victime de remarques sexistes et progressivement isolé de son équipe sous prétexte d’une meilleure efficacité. Des comportements qui laissent des traces profondes, comme l’explique Mélissa Amesano, ancienne DRH et désormais en charge du développement RH chez DOMINO RH : “Nous avons des critères de compétences, ou d’évaluation en tant que RH, mais l’empathie en est souvent exclue. Ces critères négligent trop souvent les émotions, comme le stress, ce qui peut s’avérer dramatique.”
Former, donner des moyens et écouter pour prendre soin
Pour répondre à ces problématiques, les trois experts RH présents ont tenté d’apporter des solutions concrètes. La formation des leaders, responsables des employés qu’ils encadrent, est bien entendu essentielle. Mais au-delà de la formation, Rachel Ebaneth, Directrice générale de la Chambre nationale des Métiers de l’Artisanat du Gabon, met l’accent sur l’importance de créer un cadre d’expression. Elle organise ainsi des expositions de sensibilisation et des événements pour rassembler les ouvriers qu’elle encadre, afin de favoriser l’échange et la cohésion.
Il est également crucial de donner aux employés les moyens financiers de se sentir valorisés pour leur travail. Alicia Kuntzmann, chargée de mission dans l’accompagnement vers la formation et l’emploi dans le domaine du “prendre soin”, en témoigne. Dans le secteur de la santé, le manque de personnel et de financements est bien connu, créant un cercle vicieux : les métiers en tension, impliquent un manque de moyens et donc moins de personnel disponible. Ce qui explique que ceux qui acceptent sont souvent mal formés et sous-payés. Ce secteur, trop souvent dévalorisé, exclut également par ailleurs la dimension psychologique et la vulnérabilité des soignants, qui sont quotidiennement confrontés à la maladie et à la mort.
La solution passe donc par une meilleure allocation des ressources financières et une revalorisation du secteur, afin d’encourager les jeunes à s’y engager. “Il faut prendre soin de nos soignants pour prendre soin des patients“, rappelle Alicia Kuntzmann, soulignant l’importance de soutenir ce secteur-clé. Melissa Amesano, souligne également l’importance de la formation continue, pour les jeunes comme pour les professionnels. Alors qu’elle vient de terminer son deuxième master, elle insiste sur l’idée que l’apprentissage doit se poursuivre tout au long de la vie. Dans une société où l’on attend des jeunes qu’ils définissent très tôt leur carrière, elle les encourage à oser se former en utilisant les outils et moyens à leur disposition. “Il faut sortir du cadre traditionnel qui veut qu’on fasse d’abord des études, puis qu’on travaille ensuite.”
Selon nos confrères et nos consœurs de RCF Lyon, sur ces 5 jours, plus de 250 000 visiteurs ont parcouru les 7 halls d’EUREXPO avec 1 500 compétiteurs présentant 62 métiers.
“En fin de compte, on parle beaucoup d’innovation technologique, mais peu d’innovation sociale, alors que certains secteurs essentiels, comme la santé, en ont cruellement besoin.”
Mélissa Amesano, Directrice développement RH chez DOMINO RH