Regard insistant, sifflement dans la rue, appel persistant, geste déplacé ou remarque à caractère sexuel. Ces comportements, malheureusement courants, constituent un outrage subi par de nombreuses femmes dans les lieux publics. Pour lutter contre ce harcèlement et sensibiliser à ces violences sexistes et sexuelles, l’association Sifflet Bleu à Lyon intervient lors de “Safe Events” ou en milieu scolaire et accompagne les victimes et leurs proches via une assistance psychologique et des ateliers de reconstruction. Découvrez cette association qui signale les fautes avec un sifflet, comme sur un terrain de foot, à travers une rencontre avec sa fondatrice Élise, au bar Wanderlust, pour célébrer leurs deux ans d’existence.
Les violences sexistes : un délit encore trop présent
Les violences sexistes et sexuelles sont des outrages exprimés par des comportements à connotation sexuelle ou sexiste imposés à une personne et portant atteinte à sa dignité. Cet outrage, qu’il soit répété ou non, constitue une infraction sanctionnée par une amende pouvant atteindre 1 500 euros. Si la victime est mineure ou vulnérable, l’amende peut aller jusqu’à 3 750 euros.
Selon une étude IPSOS, 81% des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics et 54% ont été agressées verbalement. Par ailleurs, 86% des personnes interrogées ne sauraient pas comment réagir si elles étaient spectatrices de ces violences. Enfin, l’été, est une période particulièrement redoutée par les femmes, qui affirment, pour 48% d’entre elles, qu’elles sont contraintes d’adapter leur tenue vestimentaire pour éviter ces agressions.
Le sifflet qui donne honte à l’agresseur
À Lyon, nous connaissons le dispositif ANGELA, un réseau de commerces solidaires formé pour aider les personnes en danger. Mais ils ne sont pas seuls : dans le métro lyonnais, vous avez probablement déjà aperçu ces personnes portant un sifflet bleu autour du cou, signalant leur mission en sifflant dedans.
L’association Sifflet Bleu sensibilise ainsi le grand public et les populations exposées aux violences sexistes et sexuelles. Cet objet symbolise la possibilité d’émettre un signal d’alerte, alors même que l’on est souvent “sans voix” face à l’agression. C’est un outil que tout le monde devrait avoir sur soi pour donner l’alerte et attirer l’attention des personnes aux alentours, permettant ainsi de pointer du doigt l’agresseur et de sortir de la paralysie.
Au-delà, l’association accompagne en profondeur et dans la durée, les victimes, pour leur permettre de briser le silence et d’ainsi mieux se reconstruire. Elle collabore officiellement avec les institutions locales et les autorités en charge de ces sujets, pour prévenir ces outrages et punir les agresseurs.
Plus d’éducation pour moins de harcèlement
Qui n’a jamais été témoin d’une personne harcelée dans la rue sans savoir comment réagir ? C’est parce qu’elle avait subi, une “énième” violence sexiste dans la rue et constaté que les personnes autour ne réagissent pas, qu’Élise a créé il y a deux, Sifflet Bleu, une association de prévention et de reconstruction face aux violences sexistes et sexuelles.
Le point de départ essentiel est la question de l’éducation et de la sensibilisation, pour faire comprendre les conséquences désastreuses sur les victimes, mais également montrer l’importance des réactions et interventions des témoins pendant et après ces violences. L’association intervient aussi bien dans les milieux festifs que scolaires : “Plus d’éducation signifie moins de harcèlement et moins d’agressions”, explique Elise. Elle insiste également sur l’importance de normaliser l’accompagnement et la reconstruction des victimes dans un cadre bienveillant.
Pour briser l’isolement et la honte parfois ressentis par les victimes, l’association propose des séances de psychologie avec des thérapeutes ou des coachs de vie à Lyon le mercredi après-midi, ainsi que des cercles de parole. Des ateliers de reconstruction sont également proposés, dont un atelier de danse dès la rentrée 2024, visant à l’intégration émotionnelle, cognitive, physique, spirituelle et sociale des participants. Un exutoire pour les victimes pour qui les mots n’arrivent pas à sortir.
“J’en ai eu marre que quelqu’un prenne ma défense dans la rue […] donc je peux être mon propre arbitre et siffler les injustices et les comportements qui n’ont rien à faire dans notre société“
Élise, fondatrice de l’association Sifflet Bleu
