Avec Metagora, Lyon Positif invite les citoyens à “débattre autrement”

17/06/2022 -- paru surLyon Positif

Et si on revenait aux sources de la démocratie ? Mardi 24 mai à l’Omnium (Lyon 2e), Lyon Positif a organisé la première édition de Metagora Politique. Principes de l’émission : réunir autour d’un philosophe des citoyens qui ne se connaissent pas, les inviter à “parler politique” (ou plutôt à débattre d’un sujet de société) selon les règles autrefois en vigueur dans l’école de Platon. Ambition affichée par Frédéric Duval, animateur de Métagora et directeur de Lyon Positif : “débattre autrement, offrir de la réflexion dans le dialogue politique, produire de l’esprit critique“. Thème choisi pour cette première édition : “Faut-il légaliser ou dépénaliser le cannabis en France ?”. Tout un programme !

19h30, six inconnus s’installent autour d’une table bordée de caméras. Silence plateau. A la régie, Rémi lance à la cantonade : “Tout le monde est prêt ? Les deux animateurs acquiescent… Rémi poursuit : “Alors 3, 2, 1, c’est parti !”. L’émission est lancée, mais, nouveauté oblige, les maîtres de cérémonie vont d’abord longuement planter le décor, histoire de s’assurer que le public présent a bien compris les grands principes et les invités, les principaux points de méthode.

C’est un peu l’agora 2.0, car on s’inspire de l’Antiquité grecque. La démocratie est née sur la place publique, à l’agora. On a revu et corrigé, mis à jour, des valeurs qu’on retrouvait dans l’Antiquité grecque, et particulièrement dans l’Académie de Platon où les élèves ne pouvaient entrer qu’à la condition de vivre selon quatre critères : l’écoute, l’argumentation, la franchise et le questionnement.

Jean Mathy, philosophe

Quatre critères que les participants auront à évaluer, tout comme le public, en votant en direct sur une application mise à disposition, à chaque fois que des pauses seront proposées dans la conversation, laissée la plus libre et la plus spontanée possible.

“Exprès, nos invités ne se connaissent pas, ne se sont pas présentés les uns aux autres, pour laisser une petite part de mystère et pour éviter les a priori dans les représentations ou d’éventuels stigmatisations des propos et des idées.”

Frédéric Duval, directeur de la publication de Lyon Positif

Après 8 minutes d’explications, place à l’expérimentation. Après un bref rappel de la question du jour, “Faut-il légaliser ou dépénaliser le cannabis en France ?”, les deux animateurs se tournent vers leurs invités en mode “à vous la parole”, en précisant juste, avec un brin de malice : “Le plus dur, c’est de commencer !” 

Un ange passe… Mais très vite, un premier participant se lance, puis un autre, puis un autre encore… Comme s’ils se piquaient au jeu, les invités gagnent en assurance, s’approprient chacun leur tour le sujet, questionnent, prennent position…. Benjamin s’affiche clairement contre toute dépénalisation ou légalisation, en précisant : “Je me dis que si on dépénalise et qu’on légalise cette pratique, l’interdiction se portera sur des drogues dites plus dures.”. Ali, au contraire, s’affirme “franchement pour”, en rappelant qu’il y a en France un débat historique entre liberté et santé où celle-ci prend une place de plus en plus importante au détriment de certaines libertés individuelles. Il indique également que pour se “positionner correctement”, il serait partisan d’attendre les résultats de la science sur le sujet. 

Ce débat engendre aussi des questions sous-jacentes mises en lumière par les 6 invités : à qui s’adresse la légalisation et la dépénalisation ?, comment protéger les mineurs ?, le cannabis est-il bon pour la santé ?, l’Etat arrivera-t-il à encadrer la légalisation ?, doit-on mettre en place une politique de santé communautaire ?… Les arguments pour et contre se mêlent et s’entre-mêlent. Les questionnements des uns et des autres font leur oeuvre, chacun se retrouve petit à petit poussé à la réflexion sur ses convictions de départ.

Je pense qu’aujourd’hui, avec l’ouverture du débat, mon positionnement est probablement un peu moins strict… Même si je dois reconnaître que mon coeur reste encore à dire : ce qui va à l’encontre du bien-être général de la société, je ne suis pas spécialement pour.

Philippe, invité

Les échanges sont rythmés et le temps partagé. Jean Mathy se charge de reformuler les avis des personnes, d’attribuer la parole et de marquer les temps de pause dans le débat pour revenir aux critères philosophiques. Les invités ont-ils été “à l’écoute”, les débats ont-ils été francs et argumentés ? Les questionnements ont-ils été de qualité ?…

Comme convenu, à intervalle régulier, chacun des invités est appelé à voter sur les fameux critères de l’Académie platonicienne. A chaque vote, Jean Mathy reformule, réoriente le débat, jusqu’à proposer enfin au public de donner ses impressions. Adrien et Nasséra se lancent, félicitent les acteurs pour leur capacité d’écoute, jugent qu’on aurait pu aller plus loin dans le questionnement… Un autre moment clé, pour achever de faire souffler au mieux l’esprit critique sur cette agora d’un soir.

Après une bonne heure de débat, Jean Mathy et Frédéric Duval concluent, en reprenant les différents temps forts des échanges. Les invités, eux, reviennent enfin sur l’expérimentation et la difficulté d’arriver à un consensus.

“Pour moi, il y a deux caractéristiques dans le débat qu’on a eu ce soir. D’abord, nous sommes là en tant que citoyens, nous n’avons pas d’engagement politique. Et deuxième chose, d’avoir cadré ce débat avec Metagora… Ce que j’ai ressenti, c’est que chacun a répondu avec ses tripes, avec sa pensée, mais en mettant ça au service du débat et de cette cause commune… Moi ça m’a donné une envie folle de continuer ! On est forcément arrivé à un certain nombre de réflexion et, forcément, on a envie d’aller plus loin”.

Sophie, invitée

Une première concluante pour Lyon Positif qui ambitionne de proposer ce concept aux entreprises afin de leur permettre de libérer la parole selon la méthodologie platonicienne.

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