Du 27 avril au 30 mai 2023, l’équipage 100 % féminin venu des 4 coins de la France de l’expédition “ l’Odyssée des possibles” a sillonné à bord de son catamaran la mer Méditerranée de la Métropole à la Corse. Durant 1 mois, 4 équipes d’une dizaine de femmes se sont relayées pour partir à la rencontre d’expertes, de scientifiques, de scolaires, destinée à évaluer et sensibiliser à plus parité dans la protection du milieu marin.
Une première expédition à voile exclusivement de femmes
On a rencontré Coraline Petit, unique lyonnaise de cet équipage venu de la France entière. Cette passionnée d’apnée est depuis toujours une fervente protectrice de l’océan. Pour elle, faire partie de l’expédition “ L’Odyssée des Possibles” est presque une évidence. Après avoir franchi la première étape des sélections parmi 180 candidates, là voici membre de cet équipage de 30 femmes. Une fois l’encre levée, 5 escales sont effectuées pour sensibiliser les scolaires et le grand public à la protection marine. Hyères, Ajaccio, Calvi, Marseille, chaque arrêt permet de rencontrer des expertes des ports, du nautisme, de l’aménagement portuaire, pour réfléchir avec des ateliers en intelligence collective, à des solutions pour rendre plus égalitaire le secteur marin.
Après les grands, ce sont les plus petits qui sont sensibilisés avec au total plus de 260 scolaires qui ont participé à des ateliers autour de la biodiversité marine, la pollution, les écosystèmes, les métiers de la mer au féminin. Des animations pour semer l’envie d’agir pour la protection des océans et pour que certaines jeunes filles rêvent à des métiers qu’elles n’auraient peut-être pas imaginé.
Une Ode aux femmes
Derrière cette volonté de créer un véritable laboratoire sur l’eau, l’ambition de L’Odyssée des Possibles est aussi selon Coraline “de porter la voix des femmes, dans un milieu bien souvent sexiste et réservé aux hommes “.
“Quand on voit que certains sponsors rompent leur partenariat avec des femmes navigatrices parce qu’elles sont enceintes, on se rend compte qu’il y a encore du chemin à faire.”
Coraline Petit, membre de l’équipage “L’Odyssée Des Possibles”
D’après Nathalie Ille, il existe un “vrai manque de données sur le sujet”, pourtant selon le rapport de l’ITF (Fédération internationale des travailleurs dans les transports) publié en 2017 : les femmes ne constituent que 2% de la main d’œuvre maritime mondiale. Une sous-représentation des femmes et un manque de connaissances de la part d’un public éloigné de la mer entrainant un manque d’implication pour la préservation des océans.
Pour rétablir cette parité, l’association Women for Sea se sert de l’empowerment et valorise les femmes qui s’engagent, en commençant par la rencontre. Coraline raconte qu’au démarrage, elle ne connait personne, un choix qui parait un peu fou aux yeux de son entourage. Biologistes, journalistes, psychologues, étudiantes, cette large représentation des femmes permet l’ouverture aux autres, la libération de la parole et le soutient mutuel. Selon Coraline : “Cette richesse de différence entre nous créée une émulsion intellectuelle et personnelle qui est assez extraordinaire”.
Porter la voix des femmes, c’est aussi les faire participer à la prise de décision. C’est pourquoi l’équipage a élaboré un plaidoyer porté par la directrice de Women for Sea, Nathalie Ille, au parlement Européen devant plus de 600 personnes. Une feuille de route rendue visible en juin 2023 par l’Association The Arch, qui mobilise des associations, des entrepreneurs et des entreprises en faveur de la transition écologique. Une invitation qui a mis en lumière la nécessaire éducation, valorisation et implication des entreprises et institutions sur le sujet. Nathalie a également pu proposer la création d’un observatoire de l’égalité hommes/femmes dans le milieu maritime pour mieux chiffrer les données. Mais également la création de supports, bandes dessinées, portraits de femmes inspirantes, pour augmenter l’attractivité des métiers de la mer aux femmes.
Dans l’actualité, pour protéger l’océan, son écosystème et par conséquent le climat, une “loi sur la restauration de la nature” sera votée, ce mercredi 12 juillet en plénière au parlement européen. Deux amendements, dont le premier consiste à créer de véritables aires marines protégées en Europe interdisant les engins de pêche destructeurs et l’exclusion de navires de pêche industriels de plus de 25 mètres des eaux territoriales européennes. Une avancée majeure pour le climat et les océans, organisée par Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom et deux activiste pour le climat, Camille Etienne et Adélaïde Charlier.
