Les éco-charlie : sauvetage d’invendus alimentaires

12/07/2023 -- paru surLyon Positif
Une dizaine de bénévoles étaient présents pour se distribuer les invendus alimentaires

On ne peut plus gaspiller la nourriture ! Lyon Positif a suivi la récolte de l’association” Les éco-charlie” qui récupère les invendus alimentaires dans les magasins bio pour lutter contre le gaspillage alimentaire tout en créant du lien social entre ses récoltants. Découvrez son antenne lyonnaise et les éco-citoyens qui se rencontrent et s’organisent localement à Lyon. 

Dans la peau d’un récoltant chez les éco-charlie

Nous retrouvons après sa journée de travail, Coralie De Santa Elena, référente chez Les éco-charlie, devant le Biocoop de Valmy. Coralie attend les autres récoltants pour sauver les invendus alimentaires destinés à être jetés. Trois fois par semaine, les membres de l’association se rendent dans une dizaine de supermarchés bio. Un contrat donnant-donnant entre l’association qui récupère des produits bio gratuitement et le magasin qui respecte la loi de 2016 anti-gaspi.

“Ça permet d’aider des personnes en situation de précarité tout en réduisant le gaspillage alimentaire, donc tout le monde y gagne“.

Clément, responsable du rayon fruits et légumes chez Biocoop Valmy

Comme chaque semaine, Clément a fait patienter dans la chambre froide un stock d’aliment pour les éco-charlie. Produits laitiers, fruits déformés, DLC dépassées, légumes “moches” encore comestibles et pourtant destinés à être jetés. Armée de sa glacière et de deux autres sacs, Coralie a tout juste assez de bras pour tout porter. Encombrée dans les transports en commun, mais pas démotivée pour autant, elle se rend à la deuxième étape de sa récolte : Le Court-circuit.

Coralie rejoint une dizaine de récoltants qui ont déjà commencé par disposer leur butin sur une table ensevelie de nourriture. À l’image d’un petit marché de village, chacun expose ses trouvailles, ce qui interroge plusieurs passants surpris d’un tel trésor. Sur la table, c’est un vrai festin : du pain, des yaourts, des carottes, des sandwichs, des radis, des steaks végétaux ou non…. De quoi nourrir une dizaine de personnes. ” Tout le monde a pris des radis ? ” demande Maud Christophe, une des récoltantes.

Mais qui sont ces récoltants ?

Ces personnes sont toutes motivées pour des raisons financières, écologiques ou encore sociales. Étudiants, retraités, personnes en situation de précarité, personnes isolées, pères ou mères de famille, elles viennent de tout horizons et représentent un pan de la société. L’auto-gestion de l’antenne à Lyon est un point clé indispensable pour ses membres qui sont libres de proposer des solutions pour optimiser les récoltes d’invendus.

Tout comme les magasins partenaires qui partagent les mêmes valeurs de solidarité et de consommation responsable que prône l’association, ces rendez-vous récurrents créent du lien entre les récoltants autour de l’alimentation. Coralie nous raconte qu’une des récoltantes cuisine souvent pour le reste de l’équipe avec les invendus récoltés. Dernièrement, cette équipe de sauveteurs s’est régalée avec des mochis fait maison par une des récoltantes. 

Une fois, on s’est tous retrouvés autour de la table face à un fruit exotique “ La pomme cannelle” que personne ne connaissait. Ça nous permet aussi de découvrir des aliments et d’apprendre à les cuisiner ensemble. 

Coralie De Santa Elena, référente chez Les éco-charlie,

Pour s’ouvrir à de nouveaux récoltants et toucher plus de personnes en situation de précarité, l’association a dédié une récolte et des repas partagés à des jeunes migrants isolés et logés par la Métropole de Lyon. Les éco-charlie se rendent chez eux pour cuisiner et manger avec eux dans une ambiance conviviale.

“L’ensemble de la chaine de production est concerné”

En 2016, une loi interdit le gaspillage alimentaire dans les supermarchés. En 2018, une deuxième loi permet à la restauration collective et à l’industrie agro-alimentaire de faire des dons d’invendus encore consommables à des associations caritatives. Des dispositions qui n’empêchent pas de faire subsister ce paradoxe où l’on jette en oubliant ceux qui sont dans le besoin. En France, nous jetons 10 millions de tonnes de nourriture par an et même si notre assiette est souvent pointée du doigt, c’est bien l’ensemble de la chaine de production qui est concernée. Selon l’ADEME, la phase de la distribution (supermarchés, épiceries, commerces de proximité) gaspille 14 % de ses denrées alimentaires, avec pour première victime les fruits et légumes.

Pour que le gaspillage ne soit plus une possibilité, l’écosystème lyonnais fourni de nombreux moyens de revaloriser ses invendus. Le Biocoop de Valmy met par exemple à disposition des frigos solidaires pour que chacun puisse déposer ce qu’il a en trop chez lui et permettre à ceux qui sont dans le besoin de retirer des denrées alimentaires. L’association lyonnaise Récup et Gamelle elle aussi, réalise à partir de la collecte d’invendus des bocaux consignés qu’elle vend aux adhérents, aux épiceries partenaires et aux entreprises adhérentes. De nombreux tiers lieux lyonnais comme la MESA ou le FAITOUT cuisinent avec leurs adhérents des denrées alimentaires invendues pour qu’ils accèdent à une alimentation de qualité.

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