Depuis la rentrée nous avons commencé un partenariat avec RCF Lyon, un média de proximité avec lequel nous partageons des valeurs humaines de solidarité et de partage et l’attachement du territoire du Grand Lyon. Tous les mois environ nous proposons une chronique positive et inspirante dans l’émission M comme Midi, en écho aux troubles et à la complexité du monde. De belles histoires, des récits inspirants de celles et ceux qui prennent l’initiative pour réussir les transitions et donnent envie de s’engager.
Bonjour Frédéric DUVAL, directeur de la publication de Lyon positif, le média Lyonnais des récits locaux à impact positif ! Dans cette chronique positive et inspirante que vous nous proposez chaque mois avec Lyon Positif, vous nous partagez de belles histoires, des projets qui à Lyon contribuent à infléchir notre quotidien. Quelle est la tonalité du jour ?
Bonjour Anais, bonjour à toutes et tous. Alors aujourd’hui je me propose de vous raconter 3 magnifiques initiatives qui ont comme fil rouge la nature au sens large du terme, mais toujours une nature proche et accessible. J’ai choisi des actions qui permettent de la sublimer, de la préserver ou de la protéger. Des projets tous simples, de bon sens qui vont à l’essentiel et œuvrent aux transitions.
Mais vous le savez Anais, derrière les associations, les actions il y a toujours au départ une femme ou un homme qui en a l’idée, l’intuition, qui décide de transformer sa passion en action. C’est donc aussi le portrait de ceux qui en sont à l’origine que je vous propose aujourd’hui et pour les évoquer j’ai choisi de convoquer en soutien 3 personnages célèbres auxquels ils m’ont fait directement ou indirectement penser.
Je suis impatiente de les découvrir avec vous et de comprendre le lien avec les initiatives lyonnaises que vous allez évoquer mais pourquoi ce choix d’une figure d’incarnation, d’un héros ?
Le héros de roman, ou le personnage historique, mais aussi le héros des contes et légendes, qu’il ait existé ou non d’ailleurs, s’inscrit dans une mythologie collective, liée à un contexte historique ou géographique ou culturel.
C’est à travers cet imaginaire et cette incarnation que se transmet à travers les âges, depuis la nuit la représentation que l’on s’en fait, le souvenir que l’on en garde. Une manière aussi de raconter le monde et de partager son humanité. Le héros est ainsi celui qui permet non seulement que se construise autour de lui la narration mais c’est lui également qui propose de fait un modèle de conduite et de dépassement de soi. C’est l’ingrédient indispensable de tout récit, de toute belle histoire et ce sont ces héros quotidien que je vais vous présenter en me servant de figures illustres que sont le dieu Pan, de Jean Giono et de Jacques Mayol.
Très bien alors par qui allons-nous commencer ? Dans l’ordre chronologique peut être ?
Oui par exemple. Le premier personnage célèbre que je veux invoquer c’est le dieu PAN qui je ne vous le cache pas a marqué mon imagination d’enfant. Chez les Grecs, c’est le dieu de la pastorale, des forêts mais aussi des bergers et des troupeaux.
Un dieu rustique agile et rusé représenté le plus souvent avec des cornes, une barbe de chèvre et un torse velu, vous comprenez mieux l’impact … Au-delà de son caractère impétueux et passionné c’est surtout devenu une figure de la nature universelle. Et c’est bien cette dimension régénérative qui s’est imposée à moi lorsque j’ai rencontré, le fondateur de SPV, la Société de Protection des Végétaux : Nicolas TALLIU.
Nicolas, c’est un personnage à la fois discret, humble mais haut en couleur et très investi. Un parcours de vie éclectique mais toujours en lien avec la nature et l’environnement. Architecte-Paysagiste de formation, il exerce de nombreux boulots différents dans cet univers : conducteur de travaux, paysagiste, jardinier, vendeur en jardinerie ou conseiller en pépinière. À chaque fois, dans chacune de ses expériences, il fait ce même et triste constat : “On consomme en masse, on renouvelle constamment et on pense être écolo puisqu’il s’agit de plantes « vertes ». Mais au fond on continue de jeter chaque année une quantité massive de plantes, comme de simples objets ! »
Un projet qui rime avec circularité
Nicolas veut agir et aller plus loin. Il se lance en 2021 et crée, non sans humour et efficacité marketing pour ce qui concerne le nom qui n’est pas sans rappeler la SPA, la première Société protectrice des végétaux. Ses objectifs ? Lutter contre la surproduction et la surconsommation et végétaliser en masse notre milieu urbain si minéral. Son modèle ? L’économie circulaire.
” Nous appliquons ainsi une démarche qui n’est plus seulement réservée aux anciens meubles, aux livres déjà lus ou aux aliments peu esthétiques, mais à tout ce qui relève du vivant” comme il l’explique sur son site internet. “
Nicolas TALLIU, fondateur de la Société de Protection des Végétaux
Concrètement il rachète à bas coût des plantes qui ne sont plus achetables ou non désirées, les soigne et les remet en état avant de les proposer à de nouveaux propriétaires en les formant à l’entretien de celles-ci, créant ainsi une véritable chaîne de préservation végétale.
Si la grande majorité des plantes qu’il remet en vente provienne des grossistes ou pépiniéristes il y a une part non négligeable, et d’ailleurs en augmentation, qui provient de particuliers qui découvrent avec plaisir sa pépinière végétale du 7ème arrondissement, soit lors d’ateliers découvertes, soit via un service de gardiennage.
Une pépinière au cœur de la ville
Dès le départ en effet, pour accueillir ses plantes, il lui fallait un lieu, un terrain de jeu. Toujours dans le même esprit de créer un « cercle vertueux », il fait le choix d’occuper des parcelles vides. Par cette occupation temporaire, il choisit de rendre de nouveaux vivants ces lieux abandonnés écologiquement et socialement. Des parcelles sélectionnées également pour être proche du centre-ville et ramener de la végétation en ville. C’est donc à Lyon 7, au Jardin des Girondins, que cette nouvelle aventure commence, sur un terrain offrant mille possibilités. Sur 300 mètres carrés, il a monté une serre, avec plusieurs étagères sur lesquelles trônent des plantes de salon en voie de guérison. Sur la partie extérieure, au grand air, il y a les modèles plus grands et plus robustes. Tous bénéficient de terreau local, et de compost fait maison, sans engrais chimique.
Nicolas voit grand très vite. En complément de son centre de soins pour plantes, il s’engage à transmettre aussi son savoir et sa passion. C’est à travers des programmes éducatifs, des ateliers et des initiatives communautaires que la SPV éduque le public à une approche plus responsable envers la nature et encourage la préservation de l’environnement.
Ouvert sur l’humain, il décide également de former des personnes éloignées de l’emploi, fidèle à ses valeurs et aux missions qu’il s’est fixé à l’origine.
Un Nouveau terrain pour une nouvelle vie
Comme toutes les aventures temporaires, celle-ci vient de se terminer, et il va quitter son terrain à Lyon 7. Une page qui se tourne pour Nicolas TALLIU, mais une nouvelle aventure qui commence, à Oullins, dans le quartier de la Saulaie.
Si l’ambition est forte c’est aussi un pari économique important. Car ce déménagement entraine des frais financiers qui n’étaient pas prévus. Depuis le début du mois de septembre, Société Protectrice des Végétaux à donc lancé une nouvelle campagne de crowdfunding pour poursuivre son activité dans les meilleures conditions
Une autre histoire et un autre portrait nous emmène en voyage mais sans bouger. Un curieux paradoxe qui n’est pas nous rappeler « le voyageur immobile » qui le titre d’un célèbre roman du non moins célèbre écrivain Fernando Pessoa.
C’est exact mais c’est aussi le surnom que l’on donnait à Jean Giono. Grand résistant et poète rural d’un monde rugueux et rude dont il se sent partie intégrante, c’est un auteur qui a fait de sa Provence natale (et éternelle dans son caractère immuable), le personnage central de son œuvre.
Décrire, exprimer, et se laisser traverser par ce qu’il voit et ressent. Chaque jour le même, chaque jour différent…
C’est cette idée de vivre pleinement un voyage par l’esprit et l’expérience, de se sentir transporté sans pourtant bouger d’un pouce, que propose Ludovic CESSAC, le créateur d’une start up lyonnaise ECHO VOYAGE.
À la base l’envie de réconcilier 2 pulsions primaires de l’être humain, cette lutte ancestrale entre nomadisme et sédentarité. Au programme des animations et activités liées à l’histoire, à la culture d’un pays.
Lors du reportage que nous avions fait, nous avions suivi un groupe de six personnes parties à la découverte de l’Argentine chez ” Empanadas Club”, un restaurant lyonnais réservé par Echo Voyage le temps d’une soirée.
Dans les bas-fonds du restaurant, nous y découvrons Chantal. Installée en France depuis quelques années pour enseigner son art, cette danseuse professionnelle originaire d’Argentine, livre l’histoire du tango traditionnel et de sa musique. Après l’explication, place à la pratique : les participants sont invités à danser avec pour récompense une dégustation d’empanadas argentins.
Comme Chantal, ces expériences immersives sont menées par des “échos guides” qui livrent l’histoire de leur pays d’origine. Décors, objets traditionnels, odeurs typiques, tout est mis en scène pour que d’une porte à l’autre, le participant soit dépaysé.
Une alternative possible aux ”grands voyages” qui selon le fondateur d’Echo Voyage est “la future manière de voyager“
Un vrai moyen de réduire l’impact du tourisme de masse et de lutter contre l’émission des GES dont le transport aérien est fortement émetteur. On estime à 6% sa contribution au réchauffement climatique.
Enfin pour votre dernier portrait la référence est connue de toute une génération c’est celle du grand bleu.
En effet en croisant mon dernier héros du quotidien j’ai cru rencontrer la réincarnation de Jacques Mayol. Jacques Mayol est un plongeur Français, considéré comme le père de l’apnée, premier homme à descendre à une profondeur de 105 mètres et qui a inspira le réalisateur du grand bleu.
Incarné par Jean-Marc Barr à l’écran, ce film culte pour toute une génération raconte la rivalité des enfants, fans de plongée, qui vont s’affronter et se surpasser dans une quête d’absolu et de profondeur. Cette histoire forte d’amitié et de passion de la mer met également en scène Enzo Molinari, le célèbre plongeur italien, joué par Jean Reno et auteur dans le film de cette réplique éternelle : « Roberto, Mio Palmo ! ».
Comment ne pas penser aussi à Jules Verne ou au commandant Cousteau lorsque l’on entend le nom d’Odysseus. Rempli de références rattachées au monde de la mer, leur premier message est une référence au chevalier Bayard, un chevalier français reconnu pour sa vaillance, sa loyauté et sa générosité. Des valeurs que prônent Odysseus : “Explorer sans peur et éduquer sans reproche”.
Odysseus 3.1, c’est une association créée en 2018, composée de plus de 80 bénévoles, à l’origine que de plongeurs, Mais l’association s’est peu à peu ouverte à de nouveaux métiers, et rassemble aujourd’hui des plongeurs donc, mais aussi des scaphandriers, océanographes, biologistes, archéologues, qui offrent ainsi un large champ d’opérations et de compétences. Leurs missions sont basées sur 3 piliers. La recherche d’abord, en menant des études scientifiques pour préserver la faune et la flore. L’exploration ensuite, de tous les milieux. Aquatiques, et subaquatiques évidemment, mais aussi terrestres, aériens et spatiaux. Et enfin, la transmission des connaissances aussi bien aux générations futures qu’au grand public. Mickaël GUIO plonge dans les profondeurs des océans depuis l’âge de 12 ans et ne s’est depuis jamais arrêté. C’est en plongeant chaque année sur les mêmes sites, qu’il a pu que constater la baisse inquiétante qui frappe de vie aquatique et qu’il consigne depuis le début dans son carnet de notes.
Décidé à agir concrètement, il consacre d’abord sa première partie de vie professionnelle au traitement de l’eau, tout en s’engageant en tant que bénévole dans des associations de protection marine. Jusqu’au jour où il fait la rencontre de Lionel RARD, avec qui il va fonder Odysseus.
Tous les deux sont engagés dans la même ONG de protection des océans et constatent au bout de 3 ans que malgré leur intense désir d’agir, les délais de prise de décision sont bien trop longs. Leur frustration les pousse à s’allier pour monter leur propre association. Après avoir parcouru toutes les mers du monde, sauvé des dauphins en Méditerranée, des tortues au Karagwe et veillé à la protection de zones protégées en Sicile, ils se demandent tous les deux comment agir au plus près de chez eux.
C’est ainsi que nait leur mantra : “La mer commence ici”. À quoi bon en effet aller au bout du monde, lorsque l’on voit l’état des fleuves tout près de chez nous. Car « si l’on protège les fleuves, si l’on protège le milieu aquatique, on protège aussi les baleines et les dauphins qui seront au bout de ce fleuve.” Depuis ses débuts, Odysseus a mené un bon nombre d’opérations pour protéger la vie marine.
Les expéditions glaciaires font partie de leurs plus gros défis. Ainsi, l’opération de plongée Glacialis, a permis de rendre compte de la fragilité de nos réserves en eau douce. L’opération du lac Merlet, sous 1m 80 de glace, est classée parmi les 8 plongées les plus dangereuses au monde. Proche de chez nous, à Lyon, ils mènent des actions commando telle que l’opération sentinelle qui a permis de remonter 109 trottinettes des profondeurs du Rhône, de même que l’opération revers‘ô où de très nombreux bénévoles ont remonté 3,5 tonnes de déchets en une journée.
À travers ces actions et leur travail quotidien ils partagent à la fois l’objet de leur combat, la pollution et les déchets et nous font redécouvrir ce pour quoi ils se battent, la nature, « parce qu’elle est là, qu’elle est belle et qu’elle est proche et qu’elle mérite qu’on en prenne soin.”